La pensée créative en milieu scolaire : Résultats du PISA 2022 419


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Résultats du PISA 2022 (Volume III – version abrégée)
La pensée créative en milieu scolaire

Pour la première fois, le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) a mesuré les compétences des élèves âgés de 15 ans en réflexion créative, en évaluant leur capacité à s’engager de manière productive dans la génération d’idées, à les évaluer et à les enrichir. Face aux changements environnementaux, sociaux et économiques complexes du XXIe siècle, il est crucial que les élèves soient innovants, entreprenants et qu’ils fassent preuve de créativité et d’esprit critique.

La créativité constitue en effet un atout dans de nombreuses professions, notamment dans les secteurs qui exigent un haut niveau de qualification. Selon le Rapport sur l'avenir de l'emploi 2023 du Forum économique mondial, la pensée créative est la deuxième compétence professionnelle la plus importante, juste après la pensée analytique. Des entreprises comme LinkedIn et Deloitte arrivent aux mêmes conclusions et soulignent le rôle déterminant de la pensée créative au sein de la main-d'œuvre actuelle.

On attend en effet aujourd’hui des travailleurs qu’ils contribuent au changement, qu’ils s’efforcent constamment d’exploiter les nouvelles technologies et d’adapter leurs méthodes de travail pour rester compétitifs. Avec les progrès de l’intelligence artificielle et de la transformation numérique, l’innovation, la créativité et la pensée critique prennent le pas sur les compétences classiques, plus susceptibles d’être automatisées.

Cependant, l’importance de la créativité dépasse de loin la seule nécessité de rester compétitif sur le marché du travail. Elle représente également un outil puissant en faveur de l’apprentissage, car elle permet une meilleure assimilation des acquis de l’apprentissage, fait appel aux compétences cognitives d’ordre supérieur et favorise l’épanouissement émotionnel, la résilience et le bien-être.

Malgré l’importance que revêt la créativité, l’acquisition des compétences créatives ne va pas de soi. Ainsi, l’enquête de l’OCDE sur les compétences sociales et émotionnelles de 2023 a montré que les jeunes de 15 ans avaient tendance à être moins créatifs et à moins bien se connaître que ceux âgés de 10 ans. Les psychologues du développement expliquent en partie cette régression par le passage à l’adolescence, mais l’ampleur des disparités à cet égard entre les pays suggère que l’éducation et l’environnement ont également un rôle à jouer dans ce domaine. Dès la naissance, les enfants ont une créativité débordante, ils veulent apprendre, désapprendre et réapprendre sans cesse, mais l’école valorise davantage la conformité et récompense les élèves qui se plient aux normes de pensée de l’époque plutôt que de les remettre en question.

Si la performance scolaire et la performance créative peuvent se renforcer mutuellement, l’une ne requiert pas forcément l’autre. En effet, certains systèmes d’éducation comme celui de Singapour, de la Corée et du Canada sont parmi les plus performants en termes de créativité de même qu’en mathématiques, en compréhension de l’écrit et en sciences, quatre autres systèmes ayant obtenu de très bons résultats au PISA – Hong Kong (Chine), Macao (Chine), Taipei chinois et la Tchéquie – se classent en deçà ou au niveau de la moyenne de l’OCDE dans le domaine de la pensée créative. Les résultats montrent que certains élèves excellent en pensée créative sans pour autant être particulièrement brillants dans les matières scolaires classiques.

Les élèves issus de milieux défavorisés obtiennent, sans surprise, des résultats nettement inférieurs à ceux des élèves plus aisés en pensée créative. Les élèves provenant de milieux difficiles font face à des problèmes tels que l’insécurité alimentaire, le mal-logement ou ont d’importantes responsabilités familiales qui accaparent leur temps et leur énergie, laissant peu de place à des activités créatives. En outre, les enseignants des établissements insuffisamment dotés ont tendance à se concentrer sur les matières et compétences de base et à avoir recours aux évaluations standardisées pour améliorer les résultats des élèves, délaissant ainsi involontairement les activités et pratiques créatives. Il reste encore beaucoup à faire dans les pays participant au PISA pour combler les écarts en matière d’apprentissage créatif liés au milieu socio-économique des élèves.

Il est en effet important de rappeler que les capacités créatives peuvent être enseignées. Les enseignants peuvent libérer le potentiel créatif de leurs élèves en les encourageant à explorer et générer de nouvelles idées et à y réfléchir. Ce n’est pas un hasard si les systèmes les plus performants disposent de lignes directrices officielles relatives au développement et à l’évaluation de la créativité, que ce soit en général ou chez les élèves en particulier. Pourtant, seule environ la moitié des élèves estiment que la créativité est une particularité qu’ils ont le pouvoir de changer.

L’enseignement et l’épanouissement des capacités créatives des élèves leur permettent d’innover, de résoudre des problèmes et de s’adapter à un monde en pleine mutation. Cet enseignement est particulièrement utile aux garçons qui ont tendance à obtenir des résultats plus faibles que les filles aux évaluations de la créativité. Un enseignement qui favorise une meilleure implication dans des activités d’apprentissage libres et centrées sur l’élève offre l’occasion de renforcer la confiance en soi et de stimuler la curiosité et la créativité des élèves. Les professionnels de l’éducation doivent ainsi proposer et accompagner des activités qui favorisent l’exploration des capacités créatives de leurs élèves pour leur faire prendre conscience que la créativité n’est pas innée, mais qu’elle s’acquière et se perfectionne par la pratique.

Il est en effet important de comprendre non seulement le contenu des apprentissages des élèves, mais également la façon dont ils apprennent si l’on veut promouvoir un véritable changement politique. Le présent rapport PISA devrait offrir un éclairage précieux aux décideurs politiques sur la façon dont les élèves acquièrent les compétences dont ils ont besoin pour s’épanouir dans leur vie adulte. Grâce à sa méthodologie solide et cohérente, l’enquête PISA présente des conclusions probantes sur lesquelles pourront se fonder les futures politiques d’éducation et qui favoriseront une coopération internationale en vue d’améliorer la qualité de l’apprentissage

PISA : L'école française fâchée avec la créativité ? par François JARRAUD

La nouvelle étude PISA sur la créativité en éducation place fort mal l'école française. Mais pourquoi ? Et quel rapport avec les législatives ?

https://blogs.mediapart.fr/francois-jarraud/blog/180624/pisa-lecole-francaise-fachee-avec-la-creativite

PISA 2022 : Que nous apprennent les systèmes éducatifs résilients ?

https://www.oecd.org/publication/resultats-du-pisa-2022/

1. Laisser les établissements ouverts plus longtemps et pour davantage d’élèves

Dans les économies participant au PISA, la moitié au moins des élèves ont vu leur établissement scolaire fermer ses portes pendant trois mois ou plus en raison de la pandémie de COVID-19. Les systèmes qui ont évité de suspendre trop longtemps les cours en classe ont obtenu de meilleurs résultats, et leurs élèves ont un sentiment d’appartenance plus marqué vis-à-vis de leur établissement.

2. Préparer les élèves à apprendre de manière autonome

Les élèves dont les enseignants sont restés disponibles pendant la fermeture des établissements scolaires ont obtenu de meilleurs résultats en mathématiques et se sentaient plus à l’aise avec l’apprentissage en autonomie. La plupart se jugeaient aptes à utiliser les plateformes numériques d’apprentissage et à rechercher des contenus pédagogiques, mais 60 % seulement pensaient pouvoir se motiver seuls à faire leur travail scolaire.

3. Faire acquérir à tous les élèves des bases solides pour l’apprentissage et le bien-être

Dans certains pays de l’OCDE, plus de 10 % des élèves connaissent une insécurité alimentaire pour des raisons économiques, contre moins de 3 % dans d’autres pays de la zone OCDE. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, entre un élève sur vingt et un élève sur dix déclare ne pas se sentir en sécurité à l’école.

4. Limiter les distractions induites par l’utilisation des appareils numériques en classe

Les élèves qui, en classe, passent jusqu’à une heure par jour sur des appareils numériques à des fins d’apprentissage ont obtenu en moyenne 14 points de plus à l’épreuve de mathématiques que les élèves qui n’utilisent pas ces appareils dans ce cadre. Interdire rigoureusement les téléphones portables en classe peut réduire les causes de distraction, mais aussi empêcher les élèves d’apprendre à se discipliner quant à l’utilisation de ce genre d’appareils.

5. Renforcer le partenariat entre l’école et les familles et impliquer les parents dans l’apprentissage

Les élèves qui obtiennent les meilleurs résultats déclarent que les membres de leur famille prennent régulièrement le repas ensemble, prennent le temps de converser avec eux ou leur demandent ce qu’ils ont fait durant la journée de classe. Ces élèves sont aussi ceux qui affichent un plus grand sentiment d’appartenance ainsi qu’une plus grande satisfaction à l’égard de la vie.

6. Reporter l’âge auquel se décide l’orientation scolaire

Dans les systèmes d’enseignement où l’orientation a lieu relativement tôt, on observe une plus forte corrélation entre le milieu socio-économique et les résultats des élèves.

7. Soutenir davantage les élèves en difficulté au lieu de les faire redoubler

Les systèmes d’enseignement où les redoublants sont le moins nombreux tendent à obtenir de meilleurs résultats et à être plus équitables au regard de la situation socio-économique. Dans l’ensemble de la zone OCDE, le soutien apporté aux élèves par les enseignants s’est détérioré entre 2012 et 2022. Quelque 30 % des élèves n’ont pas déclaré que leur enseignant apportait régulièrement une aide supplémentaire à ceux qui en avaient besoin et reprenait les notions jusqu’à ce qu’elles soient comprises.

8. Se doter d’un personnel éducatif et d’un matériel pédagogique adaptés et de qualité

En moyenne, les chefs d’établissement étaient plus susceptibles de signaler un manque de personnel enseignant en 2022 qu’en 2018, mais étaient en revanche mieux pourvus en matériel pédagogique.

9. Faire des établissements scolaires des pôles de socialisation

Les systèmes où le mentorat entre élèves a pris de l’importance entre 2018 et 2022 ont vu le sentiment d’appartenance des élèves à leur établissement se renforcer.

10. Combiner autonomie des établissements scolaires et mécanismes d’assurance qualité

Plus les établissements ont d’autonomie, meilleurs sont les résultats moyens en mathématiques ; toutefois, cette relation a davantage de chances de se vérifier si les autorités éducatives et les établissements disposent de certains mécanismes d’assurance qualité.


administrateur Publié le : Dimanche 23 juin 2024 à 23:49

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